Orthographe et cerveau : comprendre les défis pour mieux les surmonter
Découvrez les défis cognitifs de l’orthographe et comment des approches pédagogiques ciblées peuvent aider à améliorer l’apprentissage des enfants.
ORTHOGRAPHE
Emilie Sarniguet
10/21/20244 min read
Orthographe et cerveau : comprendre les défis pour mieux les surmonter
Pour beaucoup, l’orthographe reste une véritable énigme, qu’il s’agisse de jeunes apprenants ou d’adultes. Comprendre les mécanismes cérébraux qui interviennent dans l’acquisition de l’orthographe peut nous aider à mieux appréhender pourquoi cette tâche semble si complexe.
Les différentes facettes de l’orthographe
La maîtrise de l’orthographe ne repose pas sur un seul savoir-faire. En réalité, elle se décline en plusieurs compétences spécifiques :
• Orthographe phonétique : C’est la capacité à transcrire les sons que l’on entend sous forme de lettres. Cela nécessite de bien distinguer les sons et de connaître les associations lettres-sons qui les représentent. Par exemple, pour le mot avion, l’apprenant doit identifier les sons [a], [v], [jõ] et les transformer en a-v-i-o-n. C’est souvent le premier type d’orthographe que l’on acquiert, mais il sollicite intensément la mémoire de travail pour retenir l’ordre des lettres et leur correspondance avec les sons.
• Orthographe lexicale (dit orthographe d'usage) : Elle concerne les mots dont l’écriture ne correspond pas directement aux sons entendus. Par exemple, des mots comme femme ou monsieur s’écrivent différemment de leur prononciation. Pour ces mots, il est utile de recourir à des stratégies de mémorisation et à des astuces pour en retenir l’orthographe, car leur écriture ne se déduit pas facilement des sons. La répétition et la lecture régulière aident l’enfant à reconnaître ces mots plus rapidement et à les écrire correctement.e est essentielle. Plus l’enfant enrichit son vocabulaire visuel, plus il pourra identifier rapidement les formes correctes des mots.
• Orthographe grammaticale : Ici, on parle des règles de grammaire qui influencent l’orthographe, comme les accords en genre et en nombre. Cela implique de comprendre la structure des phrases et les relations entre les mots. Apprendre à repérer les indices grammaticaux (comme les terminaisons des adjectifs ou les accords des participes passés) aide à écrire sans faute, mais nécessite une bonne compréhension des règles et une application précise.
Pourquoi l’apprentissage de l’orthographe est-il si exigeant ?
L’un des plus grands défis de l’orthographe réside dans le fait qu’elle combine ces différentes compétences. Lorsque l’on écrit, on doit simultanément faire attention aux sons des mots, aux règles spécifiques et aux exceptions visuelles. Cela demande une coordination mentale complexe, particulièrement si certaines compétences ne sont pas encore automatisées.
Cette complexité est liée au phénomène de la multi-tâche mentale. Lorsque les élèves doivent rédiger un texte, ils se retrouvent à jongler entre plusieurs aspects de l’orthographe tout en essayant de structurer leurs idées. Cela peut entraîner une surcharge cognitive, car le cerveau doit gérer plusieurs informations en même temps. Cette surcharge peut se traduire par de la fatigue, des erreurs fréquentes et une perte de concentration.
Les capacités mentales impliquées dans l’orthographe
L’écriture correcte des mots mobilise différentes fonctions du cerveau :
• Mémoire de travail : Elle permet de manipuler les informations nécessaires à l’écriture d’un mot tout en réfléchissant aux lettres et aux règles. Par exemple, elle aide à retenir temporairement la structure d’un mot ou une règle d’orthographe le temps de l’écrire.
• Inhibition : Cette fonction aide à retenir les impulsions naturelles pour réfléchir avant d’écrire. Par exemple, elle permet de se corriger avant de poser un s inutile à la fin d’un mot.
• Flexibilité mentale : Pour écrire un mot, il faut parfois changer de stratégie en fonction de sa nature. Par exemple, l’apprenant peut devoir passer de la phonétique à une règle grammaticale pour choisir la bonne terminaison. S’adapter rapidement aide à gérer ces changements de manière fluide.
Imaginez un enfant qui écrit le mot bateaux. Il doit d’abord entendre les sons pour les transcrire (ba-teau), puis se souvenir de l’orthographe particulière de eau, et enfin, ajouter un x pour le pluriel. Chaque étape demande une intervention de la mémoire et de l’adaptabilité.
Améliorer l’apprentissage de l’orthographe
Pour surmonter les défis de l’orthographe, il est crucial de mettre en place des stratégies pédagogiques adaptées, qui facilitent la progression des enfants :
• Découper les apprentissages : Il est utile de séparer les étapes, en travaillant d’abord sur la reconnaissance des sons et les associations de lettres, puis en abordant les règles grammaticales plus complexes. Cette méthode permet de réduire la surcharge cognitive, en aidant les enfants à maîtriser chaque compétence avant de les combiner.
• Utiliser des supports visuels et mnémotechniques : Pour retenir les mots irréguliers, les images mentales, les fiches colorées, ou les astuces visuelles peuvent ancrer la bonne orthographe dans la mémoire. Ces outils sont particulièrement efficaces pour mémoriser les mots qui dérogent aux règles phonétiques habituelles.
• Rendre les règles plus claires : Beaucoup d’erreurs proviennent d’une méconnaissance des règles grammaticales. Expliquer de manière simple et concrète pourquoi un mot s’écrit de telle façon aide les enfants à comprendre le “pourquoi” derrière l’écriture, ce qui favorise une meilleure rétention à long terme.
• Encourager l’auto-correction : Plutôt que de corriger systématiquement les erreurs, amener les enfants à réfléchir et à se questionner sur la forme correcte des mots renforce leur autonomie. Cela développe aussi leur capacité à raisonner et à affiner leur regard sur l’orthographe, contribuant ainsi à une prise de conscience active de l’écrit.
Conclusion
L’orthographe, loin d’être une simple accumulation de règles, est un véritable exercice de coordination mentale. En comprenant mieux comment notre cerveau traite ces informations, nous pouvons ajuster les méthodes d’apprentissage pour qu’elles soient plus efficaces et adaptées aux besoins de chacun. Avec une approche adaptée et progressive, l’orthographe peut devenir un terrain moins difficile à apprivoiser, ouvrant la voie à une écriture plus fluide et sereine.
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